Chers sœurs et frères,
Le temps de l’Avent nous permet de nous remettre en marche dans ce désir d’une conversion toujours à renouveler. En effet, tel le peuple aimé de l’Ancien Testament, nous sommes invités à un acte de foi et de confiance en notre Créateur: « Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de tes mains »Isaïe 64,7.
Alors que nos crèches sont confortablement installées dans nos intérieurs et que nos sapins laissent cette odeur caractéristique de résineux qui signifie la venue d’une fête annoncée, nous nous apprêtons à sortir de nos confinements intérieurs, afin d’accueillir Celui qui vient dans le mystère incroyable de l’Incarnation… Nous pouvons alors chanter dans nos eucharisties retrouvées : « Christ est venu, Christ est né, Christ a souffert, Christ est mort, Christ est ressuscité, Christ est vivant, [Christ reviendra, Christ est là] ».
Il y a 2000 ans, une famille cherche un logement pour une naissance divine, mais personne ne veut l’accueillir. Tout le monde est confiné et les hôtelleries sont pleines. C’est alors qu’une âme généreuse, dont on ne sait rien, lui ouvre les bras.
Peut-être est-ce le Ravi de la crèche,lui qui lève les mains vers le ciel ?
L’accueil de ces voyageurs d’un soir devient alors le signe d’une fraternité universelle.
La crèche est l’endroit del’émerveillement de la naissance de notre Seigneur. Elle est aussi le lieu de l’expression de toutes les œuvres de miséricorde de notre humanité, à l’image de ce Ravi, mais aussi des bergers qui pourront subvenir aux besoins de la Sainte Famille, ou encore des Mages qui viendront les visiter, à quelques heures de partir sur les chemins d’un exil forcé qui fait d’eux des migrants, pour ne pas être massacrés.
Aussi, dans nos crèches de Noël, nous pourrions ajouter de nouveaux personnages de terre cuite, provençaux ou d’ailleurs.
Car le mystère de l’incarnation, c’est aussi TOUS ces visages d’hommes et de femmes qui œuvrent sans compter pour les plus éprouvés de notre société.
Comment ne pas penser à tous ceux et celles qui, depuis des mois, sont engagés dans l’accueil et le soin des malades de la COVID-19 ? Sans oublier les milliers de bénévoles de nos paroisses, qui, avec le Secours Catholique, la Conférence St Vincent de Paul, l’Ordre de Malte, la Diaconie diocésaine, le CCFD…, travaillent sans compter pour tous nos frères en humanité, ceux qui ne savent plus où crécher, comment finir le mois, comment manger à sa faim, comment sortir de l’isolement, comment sauver son emploi ou son entreprise…
Ce Noël 2020 sera différent des autres Noëls.
« Il faut sauver Noël »clame la communication du monde. Mais rappelons-nous qu’à Noël, c’est le monde qui est sauvé par l’Emmanuel dont le premier mot est un cri d’enfant qui attend tellement d’attentions, afin de vivre et de pouvoir un jour donner sa vie pour nous sauver.
Ainsi, en prenant la place du Ravi de la crèche, nous acceptons la mission de participer, nous aussi, au sauvetage de notre maison commune : dont « Le défi urgent (…) inclut la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer » LaudatoSi13
Qu’à l’approche de Noël, le Seigneur comble de bénédictions chacun d’entre vous, enfants et adultes.
Votre curé,
Père Nicolas Guillou+