Frères et sœurs,
La synthèse du Synode français vient d’être envoyée à Rome par nos évêques et déjà souffle un vent de contradiction. On se réjouit de cette initiative mondiale du pape François. En France, cette dynamique synodale a déjà touché bon nombre de diocèses depuis quelques années. Se retrouver pour échanger sur l’avenir de l’Église et voir comment la faire avancer dans le monde de ce temps est une opération passionnante et engageante. Mais reconnaissons que les remontées du terrain ne sont pas toujours à la hauteur des attentes de beaucoup. Il est d’ailleurs reconnu que des catégories entières de population n’ont pas pris part à la dynamique, dont les jeunes, et il semble que seul 10 % de « messianisants » français, avec une moyenne d’âge de 70 ans, ont quant à eux fait fraternité pour cette enquête mondiale.
Alors, comment lire ces demandes du peuple catholique et quelle autorité y accorder ? Certains en ont pris ombrage et la fronde gagne même les rangs des plus modérés. Mais force est de constater que c’est plutôt l’indifférence ou la lassitude qui semble prendre l’ascendant sur les chrétiens engagés sur le terrain, face à ces résolutions synodales, à l’image des élections démocratiques de ces dernières semaines. Serions-nous dans une impasse avec une impossibilité de faire bouger et avancer la mission de notre Église de France ? Je ne crois pas.
Peut-être serait-il bon maintenant, à partir de cette expérience synodale, de se relever les manches et de discerner pour trouver et mettre en œuvre des clefs missionnaires qui existent et qui font déjà leurs preuves dans tel ou tel lieu de notre pays.
Je pense à la dynamique incroyable de ces laïcs, hommes et femmes, qui ont lancé le Congrès Mission. Comment rebondir avec la foultitude d’initiatives missionnaires qui se mettent en place grâce aux jeunes générations, qui sont bien présentes sur le terrain et ne demandent qu’à être encouragées pour expérimenter le souffle missionnaire qui les anime. Certaines de ces propositions seront couronnées de succès, d’autres pas, mais un enthousiasme joyeux s’installe durablement.
Prenons quelques exemples. Les Parcours Alpha se développent partout et nombreux sont ceux et celles qui reviennent au Christ grâce à cette pédagogie qui s’appuie sur la fraternité et la formation. Des formations pour les prêtres, comme « Des pasteurs selon mon Cœur », les initient à une vision pour leur paroisse, par une meilleure connaissance de soi et des autres, afin de mener au mieux leur communauté et trouver la joie d’une croissance féconde qui redonne le moral aux curés. Un travail novateur dans l’apport de la musique de louange s’installe durablement dans beaucoup de paroisses et permet à des familles entières de revenir à la messe. Des « Dimanche Autrement » offrent aux familles du caté des temps où chacun à son rythme peut se reconnecter à l’Église. Des missions paroissiales d’un nouveau genre appelée Wemps offrent la possibilité à des jeunes des villes de venir partager leur foi au monde rural. De nombreuses initiatives de collocation avec des personnes à la rue ou handicapées fleurissent prophétiquement. La littérature n’est pas en reste avec de nombreux succès de librairie pour faire évoluer les paroisses.
Bref, des clefs missionnaires nous en avons déjà beaucoup et nous en découvrons d’autres. Elles ne sont pas réservées à une élite déconnectée du réel, bien au contraire. Laissons-nous convertir par des exemples qui pourraient bien nous servir là où nous sommes. Pourquoi ne pas créer une gigantesque malle à idées ? Débattons sur les mises en applications, prions pour connaître le désir de Dieu et célébrons pour supplier le Seigneur de nous aider à poser des pierres angulaires qui nous permettront de répondre à l’appel lancé par Jésus à Saint François « Reconstruis mon Église ».
Nous avons 2000 ans de fondations, à nous d’oser, vite et avec confiance, relever le défi missionnaire qui nous fera entrer dans une Église toujours plus synodale. La Bonne Nouvelle est toujours d’actualité et sa proposition à nos contemporains est la mission de tous les baptisés. Cela nous demande de l’audace et de la bienveillance entre nous tous car n’oublions pas « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour mes autre que l’on reconnaîtra que vous êtres mes disciples. » Jean 13,25
Soyez bénis,
Votre curé,
Père Nicolas Guillou +