Frères et sœurs,
Alors que nous discutions au sortir d’une chapelle, avec émotion, sur les scandales dans notre Église concernant des prêtres et des évêques, je vois entrer un rouge-gorge bien curieux de découvrir un nouveau territoire. Mon interlocuteur me dit que l’on considère les prêtres comme des bouddhas, non pas comme objets de décoration mais plutôt de vénération. Quand le bouddha casse, on est terrassé, car il ne nous reste rien de son autorité et de sa présence forte dans nos vies, et alors c’est la dégringolade.
Son propos me laissa songeur, non pas que je puisse m’imaginer en bouddha mais ce rien, cette déréliction, cette colère, cette sidération face au scandale de l’un des nôtres qui, en cassant sa vie et celle des autres nous laisse un champ de batailles !
Mais revoilà le rouge-gorge… savez-vous qu’il ne peut y avoir qu’un mâle par jardin ? Il défendra son territoire jusqu’au martyre. Et me voici à penser que nous sommes invités à être des rouges-gorges face au bouddha cassé, à défendre comme lui notre territoire, c’est-à-dire à nous reconstruire, nous fortifier, nous consoler mutuellement, non pas tout seul, mais avec Celui qui est notre vie et qui nous donne la Vie : le Christ.
Oui, remplaçons les bouddhas par le Christ, et défendons notre Église de tous les abus. Nous pourrons ainsi accueillir tous ceux et celles qui nous rejoignent (encore une nouvelle demande de baptême d’une jeune adulte cette semaine), permettre à ceux qui seraient tentés de partir de découvrir ces nouveaux territoires désirés par le Christ : ceux de la Foi, de la Charité et de l’Espérance qui nourrissent et fortifient notre vie plus que nous ne l’imaginons.
Cette crise nous invite à vivre la conversion pastorale de notre temps afin que, ensemble, chacun selon son appel et sa vocation, nous puissions construire l’Église de l’avenir comme un territoire sûr et accueillant pour tous, car la Bonne Nouvelle attend toujours d’être annoncée contre vents et marées.
Soyez bénis
Fraternellement,
Père Nicolas Guillou+