Chers frères et sœurs,
En cette fête de Pentecôte j’aurais voulu vous parler de la colombe mais vous n’êtes pas sans savoir qu’une famille « rouges-gorges » s’est installée pour quelques temps encore dans le chœur de l’église, donnant de nombreuses distractions aux paroissiens inspirés par ces vols légers et distrayants, surtout au moment des prédications. Alors que l’on parle de la disparition considérable et dramatique des oiseaux des villes, voilà que notre rouge-gorge a trouvé la paix et la tranquillité pour toute sa nichée en notre abbatiale. Et il a bien raison de nous redire ainsi combien notre église, née de la Pentecôte, doit être un lieu d’accueil et de paix où Dieu nous donne rendez-vous pour vivre en communauté fraternelle.
Mais l’écologie humaine et spirituelle de notre Église n’est pas brillante et nous pourrions nous décourager. En effet selon une étude Trajectoire et Origines (INSEE) qui analyse l’évolution de l’Église Catholique et de la foi religieuse en France, force est de constater que, si en 2008 les Français de 18/59 ans qui se disent catholiques étaient 43%, ils ne sont plus que 25 % lors de l’enquête de 2019-2020.
A l’époque des actes des apôtres, où l’on voit un développement de foi incroyable, cela allait de pair avec des persécutions terribles annoncées déjà dans les Évangiles par le Christ. Pour nous aujourd’hui, pas de martyre, mais des forces contraires qui voudraient bien nous faire disparaître par étouffement, doucement mais sûrement. En utilisant les statistiques, aussi justes soient-elles, on nous réduit à un communautarisme avec le doux nom de « Catholiques de France », comme d’autre entités religieuses.
Certes, « la fille ainée de l’Église » est en profonde crise. La sécularisation et le coefficient multiplicateur du scandale des abus, peuvent nous faire baisser les bras. Comme le dit l’historien Guillaume Cruchet qui analyse l’enquête pour le quotidien La Croix (article sur Oclocher et newsletter), nous sommes face à « un effondrement et nul ne peut dire à quel niveau se fera la stabilisation… À terme, le catholicisme pourrait passer au deuxième, voire au troisième rang des religions en France. »
Alors que faire ? C’est là qu’intervient la Colombe, celle du Saint Esprit. La Pentecôte est le temps particulier où l’on lâche prise de toutes nos angoisses sur l’avenir et où l’on ouvre les mains pour accueillir le désir de Dieu. En d’autres termes, que veux-tu que je fasse pour toi Seigneur ? Tu es mon bouclier et mon rocher et cela me suffit mais tu comptes sur ma modeste vie dans le but de faire fructifier mes dons et charismes pour les miens, le monde et l’Église que tu souhaites en croissance, non pas une croissance « libertarienne » mais une croissance d’amour et de paix. Car j’entends bien ton appel Seigneur, « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on dira que vous êtes mes disciples ».
Aussi, dans le temps de l’ordinaire de nos vies, laissons Dieu nous faire découvrir, par un juste et patient discernement, quelles sont notre mission et nos espérances. Prenons le temps de les écrire ainsi que l’engagement concret que nous pourrions prendre dans le but de permettre à nos contemporains, proches ou lointains, de rencontrer le Christ et la vie de notre Église qui est pour tous.
Bien fraternellement
Père Nicolas Guillou +